© Rick Guidice, Toroidal Colony, Cutaway view, exposing the interior © NASA Ames Research Center
12 nov

Homo Spatius, designers de l’espace

De l’homo sapiens à « l’homo spatius », l’Humanité n’a cessé de partir à la conquête du monde. Les traces des roues des rovers sur la Lune et sur Mars succèdent à l’empreinte de Neil Armstrong. Elles renvoient aux traces de pas des hommes dans les grottes magdaléniennes et nous rappellent que, rêve d’ailleurs, curiosité ou ambition territoriale, les êtres humains n’ont cessé de se déployer sur des biotopes toujours plus variés et de développer à cette fin des connaissances et des outils. Aujourd’hui, les nouveaux territoires sont au-delà de notre planète Terre. En collaboration avec le Centre national d’études spatiales (CNES), la Cité du design s’intéresse aux enjeux du design pour une transition vers un nouvel âge spatial.

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Croisements des épopées
Sans parler d’une préhistoire du design, l’outillage préhistorique
se révèle à l’étude - parfait dans sa forme fonctionnelle, complexe
dans son élaboration, maîtrisé dans la qualité du matériau
et indéniablement esthétique.
L’exposition explore les croisements de ces deux épopées
qui se nourrissent l’une l’autre, avec des périodes de plus grande
intensité. Le basculement dans les temps modernes donne ainsi lieu
à un foisonnement où l’on croise des astronomes aventuriers,
des scientifiques littérateurs, des artisans inventeurs.
Là, se construisent un désir collectif qui hérite des exploits encore
récents du secteur maritime, un standard des formes et des images
et une exploration de l’univers qui prépare le voyage et débouche
sur les grands observatoires spatiaux actuels. Dès lors, littérature,
cinéma, parcs d’attraction seront des vecteurs efficaces de soutien
aux aspirations humaines vers l’espace.

L’exploration spatiale par le prisme du design
La Cité du design, en collaboration avec le CNES, s’intéresse
à l’exploration spatiale par le prisme du design. Davantage
que de participer au défi scientifique et technique que représente
cette aventure spatiale, c’est avant tout une aventure humaine,
un âge civil de l’espace dans lesquels les designers auront un rôle
à jouer. En effet, le design ne donne pas seulement forme
aux choses, il prend le monde et ses mutations comme sujet.
Le design inscrit sa marque évidente dans la question de l’habitat
qu’il soit spatial ou terrestre. Durant le Space Age, les architectes
envisageront de nouvelles utopies urbaines, connectées, éphémères ou flottantes. Dans l’ambiance d’optimisme que génèrent
les récentes prouesses spatiales, les formes des designers
se libèrent grâce à l’apparition de nouvelles matières.
Enfin, la présente décennie apporte un double élan :
celui de la préparation à une installation durable et élargie
de l’homme en orbite, sur la Lune ou sur Mars, et celui du retour
du spatial vers la Terre notamment en lien avec les enjeux climatiques.
De quoi dynamiser encore une interaction désormais séculaire.
Du propulseur au lanceur, du télescope au satellite, du scaphandre
à la ville et au mobilier, l’exposition esquisse un parcours jumelé
qui enchante et inquiète, et nous transporte dans les champs
de la science, du design et des imaginaires.

Une scénographie commeun voyage dans le temps et l’espace
L’exposition se découvre dans une configuration en enfilade
où se succèdent cinq salles thématiques, aux frontières poreuses
entre design, art, sciences, architecture, fiction et prospective.
Inspirée tout à la fois par le Velvet and Silk Cafe de Lilly Reich
et Ludwig Mies van der Rohe (1927) et le parcours de Herbert Bayer
pour l’exposition Road to victory (1942), la scénographie conçue
pour accueillir ces cinq parties se veut simple, forte et porteuse
de sensations, ménageant perspectives et surprises. Le parcours
est structuré par de longs et hauts rideaux brillants et colorés,
alternant ambiances sombres et lumineuses. Aux matières
et couleurs de l’univers spatial, doré et argenté, s’ajoutent
des nuances de bleu, cuivre et jaune puissants, évoquant abîmes
de l’océan, ciels ou atmosphères de planètes fantasmées.
Au sein de ces aplats colorés et scintillants, les pièces et documents
rassemblés dans l’exposition sont disposés sur des constructions
tridimensionnelles, à la manière des Architectones de Kasimir
Malevitch (années 1920).
Constitués par l’agencement de briques creuses, ces volumes
renvoient littéralement à la terre tout en exprimant les notions
d’élancement et de cosmique. Au fil du parcours, les briques creuses
se transforment ponctuellement en fragments et poussières d’un
paysage spatial. L’exposition est mise en lumière par une succession
de lustres dont les formes empruntent à la géométrie des satellites :
les panneaux solaires deviennent panneaux LED et les lustres flottent
dans l’exposition tels des véhicules spatiaux prêts à se poser.

A propos
Commissariat : Michel Faup. Sous-Directeur Anticipation
et Emergence au CNES (Centre national d’études spatiales).
Michel Faup est sous-directeur Anticipation et Emergence au sein de
la Direction de l’Innovation des Applications et de la Science depuis
octobre 2019 dans la continuité des responsabilités
de responsable d’équipe Innovation et Prospective qu’il a assurées
depuis la création de la Direction en janvier 2016. Il est entré
au CNES en 1984 pour prendre en charge des activités de R&T
en matière de senseurs optiques pour le rendez-vous et la robotique
orbitale et plus largement de contrôle non destructif. En 1989,
il a pris la responsabilité système au sein de l’équipe intégrée CNES -
Agence Spatiale Européenne en charge de la mission
Silex (télécommunications optiques inter-satellites entre Spot-4
et Artemis). A partir de 1997, il a mis en place les activités d’ingénierie
de constellations au sein du CNES puis mis en œuvre l’expérience
acquise au profit de l’ingénierie système et des applications
en matière de télécommunications et de navigation. Cela aboutira
au poste de chef de service des projets de Télécommunication
et de navigation qu’il assumera de 2004 à 2014.
Scénographie : Alexis Bertrand. alexis-bertrand.net.
Diplômé de l’École Nationale Supérieure des Arts Décoratifs
de Paris, Alexis Bertrand conçoit des scénographies d’expositions
et de spectacles dans lesquelles il s’attache à développer des formes
et des espaces avec de fortes qualités plastiques, immersives
et sensorielles. La place du spectateur, sa perception ainsi que son
ressenti sont au centre de son travail. Les dispositifs qu’il conçoit
visent à créer les conditions d’un moment particulier, une situation
dans laquelle le spectateur est véritablement partie prenante.
Alexis Bertrand a travaillé avec différentes institutions dont le ZKM
(Karlsruhe), l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris,
Le Palais des beaux-arts ou Lafayette Anticipation (Paris). Il collabore
également avec des artistes comme Camille Henrot ou Évariste Richer
pour INFRAWIND METACLOUD projet gagnant du 1% artistique
de l’Institut Mines-Télécom, Paris-Saclay (Grafton Architects).
Il travaille par ailleurs très régulièrement avec Xavier Veilhan
sur des projets d’œuvres, d’expositions et de spectacles.
Ils ont récemment cosigné Vårbergs Jättar (Les Géants de Vårberg),
œuvre commanditée par la Ville de Stockholm. Après deux ans
de conception et de fabrication, les sculptures monumentales
ont été inaugurées en octobre dernier à Stråkparken et à Pelousen,
deux sites à Vårberg, dans la banlieue sud-ouest de Stockholm.
Ils conçoivent actuellement un nouveau spectacle dont l’idée est
de développer une forme nouvelle et inédite, un intermédiaire
entre arguments scientifiques et arts visuels.

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